Une grosse tempête rugissait dans le Parc des Laurentides. Dans le ciel, mille et un flocons dansaient dans les bras du vent qui déchirait le ciel. L'autobus fonçait à travers ce désastre pour me ramener, le plus rapidement possible, vers une ville dont je ne veux plus me rappeler le nom. Ce fut le plus long voyage de ma vie... un voyage qui n'aurait jamais dû se terminer. Il y avait bientôt deux semaines que je n'avais pas vu mon père. La veille, nous avions convenu qu'il venait me chercher au terminus. En téléphonant à la maison, ce fut ma mère qui me répondit en me disant qu'elle venait me chercher immédiatement...
Je me rappellerai toujours le premier regard de ma mère sur moi... un regard fou, un regard rempli de douleur, un regard de désespoir... en me tirant par le bras jusqu'à la voiture... Ensuite, c'est comme un rêve... le pont Jacques-Cartier, des mots comme : « C'est son coeur, pauvre lui il était tellement malade. » MORT MORT MORT, ce mot cognait contre mon oreille... Ensuite, l'Institut de cardiologie, les infirmières désolées... et son corps mort, froid, que je n'arrivais même plus à reconnaître...
Le plus difficile était à venir... le retour à la maison, les funérailles, les centaines de personnes pleines de sympathie, sympathie, sympathie, un mot dont on finit par oublier le sens...
Le reste, c'est maintenant : il est parti, je suis restée.
Karine
Montréal (Québec)