Voilà trois ans que mon frère est décédé. Il avait 23 ans. Quand j'ai appris ce qui s'est passé, je n'étais plus là ; mon corps l'était, mais moi non. J'étais dans un brouillard noir, épais, qui me transperçait à chaque fois que je respirais. Je me revois tremblante, incapable de pleurer, livrée à moi-même.
Mon frère était un père pour moi et pour ma petite soeur. J'ai perdu mes parents il y a de cela quatre ans. Mon frère m'élevait depuis leur mort comme un vaillant guerrier prêt à toutes les batailles pour sa soeur. Un courage incontestable.
Sa disparition m'a fait perdre pied. Je n'avais plus de repère, j'étais mineure, sans famille. J'ai été placée en foyer puis en famille d'accueil à mes 18 ans. Je m'étais promis de réussir une belle et longue vie et je m'en suis pas trop mal sortie.
Je ne me rends pas compte comme le temps passe vite ! Voilà déjà cinq ans que mon frère m'a quittée physiquement, mais dans le coeur, il est présent à chaque moment de la journée. Il n'y a pas un jour où je ne pense pas à lui.
Mais moi, j'ai la chance de vivre, d'avoir mes deux jambes, mes deux bras et j'en profite. Je ne suis plus malheureuse, mais heureuse et ça, vous voyez, ça ne m'était pas arrivé depuis longtemps.
Gwenaele
Bondy (France)